Cinq promesses du président à suivre de près

Pour le mandant actuel, le Président de la République Paul Biya a pris un certain nombre d’engagements – 117 recensés pour le moment. De cette multitude de promesses, nous avons sélectionné cinq qui nous apparaissent parmi les plus pertinentes, et qui méritent d’être suivies de près.

« Doter les zones rurales de centrales solaires »

Le problème d’électricité est crucial au Cameroun. Les zones urbaines sont régulièrement soumises à des délestages intempestifs, et la situation dans les zones rurales est encore pire : des chiffres récents indiquent que le taux d’électrification rurale au Cameroun tourne autour de 26%. En d’autres termes, « environ 4.000 localités rurales – sur un total de 14.000 identifiées – auraient accès à l’électricité ». C’est dire à quel point il reste à faire dans le domaine.

Les conséquences du manque d’électricité dans une localité sont nombreuses et toutes néfastes pour les personnes qui y vivent. L’éducation, la santé, le commerce, les loisirs etc., sont autant de secteurs qui se retrouvent négativement impactés. Comme la route, l’électricité est un moteur de développement, d’où la pertinence et l’urgence de l’engagement pris par le chef de l’État.

Le choix des centrales solaires est plutôt intéressant. Certaines zones du pays sont très ensoleillées et l’usage de l’énergie solaires y est indiqué. Si cette promesse est tenue, il ne fait aucun doute que le nombre de localités électrifiées connaîtra une importante hausse, ce qui permettra à un certain nombre d’activités de se développer dans les zones rurales.

« Renforcer la lutte contre l’abandon d’enfants et l’encadrement de ceux de la rue »

C’est un phénomène qui est plutôt répandu au Cameroun, surtout dans les grandes villes. Les enfants de la rue pullulent, de plus en plus nombreux, dans nos marchés, dans les gares routières et parfois dans les centres-villes.

Si les raisons qui poussent ces enfants dans la rue sont multiples, il n’en demeure pas moins vrai qu’ils n’ont rien à y faire et qu’il est du devoir de l’État à travers les services sociaux compétents, de prendre en charge ces derniers et d’assurer leur réinsertion sociale.

À vrai dire, le gouvernement a intérêt à accentuer la lutte contre l’abandon des enfants, de même qu’il doit s’assurer que ceux qui se retrouvent déjà dans la rue soient pris en charge. Abandonner ces enfants à leur triste sort c’est créer à la longue des problèmes de sécurité autant pour les enfants sans protection dans la rue, que pour les autres citoyens qui ne sont pas à l’abri de coups de vols ou d’agressions physiques.

Quelles mesures le président de la République prendra-t-il pour réaliser cette promesse ? Difficile à dire, mais ce qui est certain, c’est que c’est de la responsabilité de l’État de s’assurer que les jeunes camerounais évoluent dans le respect de leurs droits à l’éducation, à la santé, à la protection etc.

« Mettre en place d’une assurance santé universelle »

Il y a quelques années, on apprenait avec stupeur qu’une dame, enceinte et à terme, est morte sur la véranda de l’hôpital Laquintinie à Douala, laissée là par le personnel parce qu’elle ne pouvait pas payer. L’histoire devient macabre quand, pour sauver ses enfants, sa belle sœur l’éventre et essaie d’extirper les nourrissons de son abdomen. Peine perdue.

Des cas pareils sont légion au Cameroun, au point où l’hôpital ne symbolise plus la guérison, mais plutôt la mort, surtout quand on ne peut pas payer immédiatement. En conséquence, l’automédication gagne du terrain avec les conséquences qu’on peut imaginer sur la santé des populations.

La mise sur pied d’une assurance santé universelle est en effet une excellente initiative pour améliorer la santé du citoyen camerounais. Bien sûr, le secteur de la santé a d’autres problèmes, mais une assurance santé universelle viendra en solutionner un bon nombre.

« Améliorer la condition sociale des artistes »

Il s’est récemment posé un problème au Cameroun : certains membres de la diaspora camerounaise ont décidé de boycotter activement les artistes qui ont pris part au concert organisé le 6 octobre 2018 par le président Paul Biya pour la clôture de la campagne électorale. Une « unité » a d’ailleurs été créée pour la circonstance, appelée Brigade Anti-Sardinards (BAS), les sardinards étant les personnes qui soutiennent le régime en place par conviction ou bien en échange de faveurs diverses.

L’un des arguments avancés pour justifier ce boycott, c’est le fait que la condition des artistes au Cameroun n’est pas reluisante, et que ces derniers ne devraient pas soutenir un régime qui ne fait rien pour soutenir leur art. Ces dernières années, en effet, on a vu nombre d’artistes sur les plateaux télé ou sur Internet implorer l’aide des citoyens pour se soigner ou pour se nourrir tout simplement. De manière générale, les fins de carrières ne sont pas des plus heureuses.

Si les opinions peuvent diverger au sujet du bienfondé, de la méthode ou même de la légitimité de la BAS, le problème de fond, lui ne perd pas en pertinence : la situation de l’artiste est déplorable au Cameroun, et c’est un problème qui mérite qu’on s’y penche.

Une meilleure condition sociale de l’artiste va sans doute permettre de relever le niveau de l’art en général au Cameroun (et de la musique en particulier, qui a cessé de jouer son rôle d’éducation), tout en faisant naître et émerger plus d’artistes que nous n’en avons actuellement. Une promesse que nous suivrons de près.

« Réduire sensiblement nos importations de biens et services »

Chaque année, le Cameroun dépense plusieurs milliards de francs en importations de biens et services (3 918 milliards en 2017 selon la Banque Mondiale). Un montant énorme, quand on sait que notre pays regorge de matières premières et de compétences à même de nous permettre de produire localement et de consommer notre propre production.

À titre d’exemple, en 2017 le Cameroun a dépensé 114,3 milliards pour l’importation de 181 678 tonnes de poisson et 183,7 milliards pour l’importation de 728 443 tonnes riz. L’une des raisons de ces importations, c’est l’insuffisance de la production locale qui, même si elle a connu des augmentations ces dernières années (Selon un rapport de l’Institut National de la Statistique), demeure insuffisante.

Les importations de biens et services représentent la valeur de tous les biens et autres services reçus du reste du monde. Elles englobent la valeur des marchandises, du fret, de l’assurance, du transport, des redevances, des frais de licences et des autres services tels que les communications, la construction, les services financiers, commerciaux et personnels ainsi que les services gouvernementaux. Ce taux ne tient pas compte de la rémunération des employés et des revenus d’investissements (anciennement appelés services des facteurs) et des paiements de transfert. Les données sont en devises locales – La Banque Mondiale

Réduire le montant des importations de biens et services permettra éventuellement de booster la production locale. Comme l’a indiqué le président dans son discours d’investiture, le protectionnisme, voire l’isolationnisme gagnent du terrain, et il serait opportun que le Cameroun revoie sa politique en la matière. D’ailleurs, le président l’a relevé cela permettra de « rééquilibrer notre balance commerciale chroniquement déficitaire ».

Photo d’illustration : ecreee.org

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