Peut-on évaluer les promesses du président pour le septennat en cours ?

L’année dernière, en nous inspirant d’initiatives similaires au réalisées au Bénin, au Burkina Faso, au Sénégal, au Nigéria et en Guinée (Conakry), nous avons décidé de mettre sur pied une plateforme pour le suivi et l’évaluation des promesses électorales qui seraient faites par le candidat élu à l’issue de l’élection présidentielle qui a eu lieu le 7 octobre 2018 au Cameroun. Après la proclamation des résultats, la tâche s’est avérée plus difficile que prévu à cause d’un certain nombre de facteurs.

Inaccessibilité

Le premier obstacle à la réalisation de ce projet c’était l’inaccessibilité du programme politique du candidat élu. Pendant la campagne électorale, nous avons essayé de collecter le maximum d’informations sur les programmes des candidats. La tâche n’a pas été facile parce que pour certains le programme n’était pas disponible sur internet.

Le programme du candidat du RDPC, candidat élu à l’issue du scrutin, était contenu dans un livre publié en 1987 et réédité en 2018 pour des besoins de campagne et intitulé Pour le libéralisme Communautaire. Le problème, c’est que le livre était difficilement accessible pendant la campagne, même dans les villes de Yaoundé et Douala.

Les éléments qui ont finalement permis de rassembler quelques promesses sont précisément la profession de foi du candidat (dont le site de campagne électorale n’est plus en ligne), son discours de campagne prononcé à Maroua le 29 septembre 2018 et son discours d’investiture dans lequel il est revenu sur les actions qu’il comptait mener.

Imprécision

Une fois les promesses recensées, le constat qui s’en est dégagé est que ces dernières sont très vagues, imprécises. De façon générale, les promesses sont faites sans aucun détail permettant un suivi assidu. Par exemple, quand le président promet d’ouvrir de nouveaux hôpitaux, ou d’équiper les écoles et universités, c’est très imprécis. On n’a aucune indication sur le nombre de d’hôpitaux qui seront construits, dans quelles villes ils seront construits, quelle sera leur capacité etc. Pareillement, on ne sait pas combien d’écoles et universités seront équipées, ni quel type d’équipement sera fourni.

Quand on n’a pas suffisamment de détails sur comment une promesse sera réalisée, ni sur ce qui sera fait, on a du mal en fin de compte à suivre et même à évaluer.

Ces imprécisions rendent difficile mais pas impossible le suivi des promesses électorales du président Paul Biya. Il faudra, pour que le suivi soit effectif, effectuer une veille minutieuse des actions du gouvernement. Ces actions seront répertoriées et classées en fonction des promesses dans les quelles elle s’inscrivent. Pour cela, tout citoyen aura la possibilité de contribuer autant au recensement des promesses qu’à la veille sur les actions du gouvernement.

Timing

La troisième difficulté à laquelle nous nous sommes heurtés, et qui rendra difficile l’évaluation des promesses faites par le président Biya durant la campagne électorale, c’est le timing. En effet, aucune indication sur la durée d’exécution des différentes promesses n’est indiquée. Autrement dit, on ne sait ni quand elles seront mises en place, ni quand les différents projets doivent être livrés.

Les hôpitaux à construire, les routes à bitumer, les écoles et universités à équiper, la mise en place d’une assurance santé universelle sont autant de projets dont on n’a aucune indication sur le timing. Pareil pour la réduction de la pauvreté ou encore le retour de la paix dans les régions du Nord-ouest et du Sud-ouest.

L’absence d’indication sur le timing d’exécution des projets pour le septennat en cours nous oblige à considérer que le président a 7 ans pour les réaliser.


Pour conclure, et répondre à la question posée dans le titre, il sera difficile de suivre les promesses présidentielles. Mais pas impossible, et c’est ce que nous nous attèlerons à faire pendant les années à venir.

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