100 jours au pouvoir : mini-bilan des grandes opportunités

Ce 14 février, un jour après la célébration du 86e anniversaire du président Paul Biya, marquait le 100e jour du septennat des grandes opportunités. 100 jours qui n’ont pas été de tout repos au regard du climat délétère qui règne dans le pays. Quel bilan dresser de ces 100 premiers jours de magistrature suprême ?

La sécurité encore plus fragile

L’un des défis que s’est lancé le président Biya pour le septennat en cours c’est celui de ramener la paix et la sécurité au Cameroun, notamment dans les régions anglophones qui sont devenues un champ de bataille depuis plus d’un an. Où en est-on actuellement ?

Hé bien, l’observation des événements récents semblent indiquer que jusqu’ici les choses n’évoluent pas dans le bon sens. Les indépendantistes ambazoniens font encore la loi en zone anglophone, et les attaques sur les biens et personnes n’ont ni cessé ni diminué.

Alors qu’il se rendait à l’hôpital de district de Kumba ce 12 février, incendié par des individus jusqu’ici non identifiés, le convoi du gouverneur de la région du Sud-ouest Bernard Okalia Bilaï a été la cible d’attaques qui ont fait plusieurs morts parmi les hommes en tenue qui faisaient partie de l’escorte. Un événement qui à lui seul montre à quel point il est dangereux de se déplacer en zone anglophone, même sous forte escorte.

Plus inquiétant encore, la crise anglophone semble se propager dans d’autres régions, notamment à l’Ouest du pays où les populations de la localité de Bangourain dans le Noun après avoir été la cible d’attaques attribuées aux sécessionnistes anglophones, s’en sont prises le 26 janvier à deux présumés assaillants qui ont été battus à mort avant d’être traînés partout dans le village, attachés à des motos.

Toujours dans la région de l’Ouest, le lycée bilingue de Zavion situé dans l’arrondissement de Babadjou a fait l’objet d’une attaque attribuée aux sécessionnistes le 6 février dernier. Si aucune perte en vies humaines n’est à déplorer, le bilan est tout de même lourd, les bâtiments ayant été incendiés.

Il est également nécessaire de citer le calvaire que vivent les population de la région de l’Adamaoua où les enlèvements contre rançon prospèrent depuis plusieurs années. De façon générale, l’insécurité progresse de façon inquiétante, et malgré les promesses faites par le président ou les membres du gouvernement, rien de concret n’a encore été fait.

Les libertés individuelles en danger

L’accession de Paul Biya à la magistrature suprême a été marqué par l’accentuation des privations des libertés des citoyens. Cette privation s’est notamment matérialisée par la répression violente et systématique de toute manifestation hostile au régime.

La dernière marche en date, organisée le 26 janvier par Maurice Kamto pour dénoncer la guerre dans les régions anglophones, les scandales de la CAN 2019 dont l’organisation a finalement retirée au Cameroun, et ce qu’il considère comme le hold-up électoral.

La marche a été violemment réprimée, la police n’hésitant pas à se servir d’armes, en totale violation des lois et textes en vigueur. Cette même marche a eu pour conséquence l’arrestation du leader du MRC ainsi que ses lieutenants et près de 200 de ses militants et sympathisants qui ont pris part à la manifestation.

L’autre nouveauté du régime des grandes opportunités, c’est sans doute l’intimidation des journalistes qui ne sont plus libre de faire leur travail. On se souvient que lors de différentes marches, des journalistes venus couvrir les manifestations ont été arrêtés puis relâchés un peu plus tard.

Certains ont d’ailleurs été gardés à vue. C’est le cas de Mimi Mefo, Michel Biem Tong ou encore, plus récemment, Théodore Tchopa et David Enyegue, arrêtés alors qu’ils allaient vérifier l’information faisant état de l’arrestation de Maurice Kamto par la police le 28 janvier, soit deux jours après la marche organisée.

Relations internationales troubles

Le 6 février 2019, une information rendue publique par un certain nombre de journaux américains faisait état de ce que le gouvernement américain allait réduire l’aide militaire alloué au Cameroun, privant l’armée camerounaise, entre autres, de certains programmes de formation.

Le Cameroun est accusé de non respect des droits de l’homme notamment au sujet de la gestion de la crise anglophone. C’est un coup dur, quoi qu’on veuille en penser, non seulement pour la sécurité au pays, mais aussi pour la coopération entre les deux pays. Mais ce n’est pas tout.

Avant cette sortie du département d’état américain, une information avant déjà circulé indiquant que la Chine, premier créancier de l’Etat du Cameroun, avait suspendu les décaissements suite au non respect des engagements pris par nous. En conséquence, près de 130 milliards de francs CFA se retrouvent suspendus, mettant en péril l’exécution d’un certain nombre de chantiers : le port de Kribi, l’autoroute Douala-Yaoundé, le projet e-National Higher Education, l’acquisition  d’avions MA60 etc.

Des nouvelles plutôt peu reluisantes, il faut l’avouer surtout quand on se souvient que le président Biya a promis de consolider la place du Cameroun en Afrique et dans le monde.

Situation humanitaire précaire

Les conséquences de la crise anglophone sur les populations civiles sont graves, et elle s’amplifient avec le temps. Selon l’ONU, le nombre de déplacés interne avoisine les 500.000, tandis que le nombre de réfugiés Camerounais au Nigéria atteindra bientôt les 40.000. Une situation qui selon les estimations, augmente les besoins d’assistance et de protection.

Alors que les combats s’intensifient dans la zone anglophone malgré les appels au dialogue, l’ONU s’inquiète précisément du sous-financement de l’aide humanitaire. En effet, “le plan d’action humanitaire conjoint 2019 prévoit 299 millions de dollars pour venir en aide à 2,3 millions de personnes vulnérables, soit plus de la moitié des personnes dans le besoin”. L’ONU ajoute qu’en 2018 seulement 40% de la somme nécessaire a été rassemblé laissant craindre un scénario similaire en 2019.

Or, l’aggravation de la crise a conduit à une augmentation de 31% des personnes dans le besoin, faisant passer le nombre de personnes en situation d’assistance de 2,3 à 4,3 millions. Si l’aide ne suite pas, il n’est pas exclu que le Cameroun se retrouve dans une situation délicate.

Des projets pour 2019

Un certain nombre de projets et de réalisations sont prévues pour l’année 2019. Des promesses qui, si elles sont réalisées, permettront peut-être de remettre le Cameroun sur les rails. Mais, le seront-elles ? Il est un peu tôt pour l’affirmer avec certitude, mais ce qui est sûr, c’est que pour le moment, après 100 jours à la tête du pays, les faits et les chiffres ne sont pas encourageants.

Photo : journalducameroun.com

1 comment

  1. Marc Ghislain

    En effet rien n’a été réalisé jusqu’ici, c’est triste mais j’ai l’impression que le pays est à peine dirigé. On est plus dans la dégradation des relations……etc

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